U P E W Alger

SOS post mortem

SOS post mortem

Bien avant le tunisien Bouaziz, devenu un personnage historique chez nos voisins et frères tunisiens, un pays bien musulman, des Algériens ont eu à renier ce don de la nature qu’est la Vie, en usant de la corde, des ponts, des trains, de la harga et du suprême supplice : l’Immolation. Toutefois, l’arme à feu semble être la préférée des tuniques bleues pour mettre fin au supplice de la Vie dans le corps de la police nationale si l’on se réfère aux chiffres donnés par la presse : trois policiers se sont suicidés par arme à feu depuis  janvier 2011.

Le suicide par immolation que certains qualifient de spectaculaire a été le recours post mortem d’un jeune entrepreneur de la wilaya de Djelfa,  Djamel T, en avril 2005, lassé par les entraves bureaucratiques et,  surtout,  l’indifférence de  ses vis-à-vis. Le jeune entrepreneur s’est introduit dans l’enceinte de la maison de la presse Tahar Djaout, sise au centre de la Capitale et hautement gardée. Après avoir pris soin de s’imbiber d’essence, il se transforma en torche humaine dans sa dernière tentative d’interpeller des « responsables » devenus égoïstes, indifférents aux drames de leurs concitoyens.  

Les âmes bien hypocrites ont l’explication expéditive, facile. Notre religion interdit le suicide. Une dérobade bien cache-sexe, un prêt à porter pour une société rendue apathique par un pouvoir autiste.

Le suicide : mal ou malaise de société ?

        Les cas de suicides ne peuvent être que des indicateurs de malaises, de maux profonds de  et dans la société. Ceux qui ont décidé d’interrompre brutalement ce don de la nature le démontrent de manière dramatique. L’Union des parents d’élèves d’Alger (UPEWA) avait déployé ses efforts durant les années 90 pour alerter les pouvoirs publics  sur les conséquences et les séquelles de la violence sur nos enfants, élèves et lycéens. Nous avions cru qu’avec le référendum de septembre 1999 allait s’instaurer un environnement de paix et de non violence déclamé par le nouveau président de la République. Hélas ! Il n’en est rien une décennie après. Les adolescents d’hier n’ont qu’une idée en tête : partir, quitte à se jeter à la mer ou s’immoler.  Cet environnement de violence contre soi, pour ne plus subir l’injustice et l’impunité des autres,  touche toutes les couches sensibles de la société. 

Le  journaliste Beliardouh, correspondant d’El Watan à Tebessa,  a eu recours au suicide en ingurgitant de l’acide, après son lynchage par la maffia locale. Son désarroi, sa désespérance  sont, une décennie après, les mêmes que celles de Mohsen Bouterfif, cet autre victime par le feu de l’indifférence, de l’injustice, de l’impunité qui gangrènent la société algérienne, un demi siècle après son indépendance.

Plus près de moi, c’est un collègue de la météorologie nationale, Ali S., qui a tiré sa révérence à son environnement inhumain. Il a fini par se mettre à genou devant le train à la gare de Dar El-Beida, en décembre 2003, à l’heure où ses collègues déjeunaient. Ces derniers reprirent le chemin de leur bureau dans l’indifférence totale, sans même observer un arrêt de travail symbolique.  La victime avait interpellé le directeur général, la matinée du drame, sur les raisons de son exclusion d’un organigramme dont bénéficie un agent de la cafète du Centre national de la météorologie ! 

Ingénieur de formation et père de famille,  il fut ignoré et exclu de cet organigramme dont jouissait le SG du Bureau syndical d’entreprise, incapable de résoudre une équation du premier degré et pourtant de chef département recherche et développement, sans  y émarger.

Le ministère de tutelle n’a pas jugé utile d’ouvrir une enquête, une situation d’ailleurs vainement dénoncée par d’autres cadres. Mieux, l’administration de la météorologie s’est empressée de qualifier la victime de malade mental…Ce sont des cas légions dans un régime politique où la corruption et l’impunité sont institutionnalisées.

Les réactions du pouvoir après les émeutes du début janvier ont montré, non seulement le fossé qui le sépare du peuple, mais aussi son reflexe primaire à vouloir le corrompre et à marchander ses décisions iniques en mettant en danger ce qui reste de semblant d’Etat.

Toutes les dispositions que vient d’engager le système en place pour taire les contestations concourent à avilir l’Algérien, en faire un sujet corvéable à merci.

La fin du régime est l’unique solution pour le bonheur des Algériens et la stabilité du pays car la dernière décennie cristallise l’échec reconnu et consommé d’un pouvoir autoritariste, fort d’une majorité absolue dans les assemblées élues, détenue frauduleusement par les trois partis FLN, RND et HMS se réclamant de l’alliance du Président. Durant cette décennie, l’Algérie a bénéficié de rentes financières faramineuses, de conditions climatiques fortement favorables et surtout du retournement en 2001,  après l’attaque des Tours jumelles, de l’Occident et des régimes arabes contre l’intégrisme religieux qui avait fait des années 90 une décennie rouge en Algérie.

 La coordination nationale pour le changement et la démocratie.

Outre l’effet Bouaziz  et le tsunami populaire qui s’est abattu sur la planète « arabe », les spécialistes sont déboussolés…Il n’y a que la Solta en poste à Alger, corrompue et corruptrice,  de plus spécialiste en division qui ne cesse de répéter que l’Algérie est bien différente  de ces autres pays, hier frères, la Tunisie et l’Egypte,  le Yémen et le Bahreïn et bientôt … la Lybie même si le Roi bien de chez nous, Senouci, revenait à son Trône !

On ne sait si la Solta  répond aux exigences de la Commission  nationale pour le changement démocratique  (CNCD) ou si elle prend ses devants en montrant sa disponibilité à vouloir procéder au changement tout en restant prisonnière de ses reflexes surannés. Elle reprend de la main droite ce qu’elle cède de la main gauche et s’empresse de s’enorgueillir de satisfécits de puissances étrangères. Ces dernières se font d’autant rassurantes que l’instabilité se généralise aux pays de la rive sud de la méditerranée et emballe les cours du pétrole. La mutation que connaissent et connaitront,  à court terme,  les pays frères et voisins, notamment Tunisien et Libyen, influeront profondément sur  l’Algérie.

La démarche de la CNCD est la solution idoine au problème algérien Elle lutte de manière pacifique pour un changement  démocratique du système, non un changement dans le système. Les citoyens qui répondent à l’appel de cette structure sont conscients de leur mission. Faire éviter à l’Algérie et aux Algériens le chaos. La Solta ne l’entend pas de cette oreille. Les samedis sont identiques. Des citoyens pacifiques tentent de se rassembler pour demander le changement et la démocratie en face de tuniques bleues prêtes à recourir au pire. La Solta use de l’essence même du désordre en dressant des Algériens contre d’autres, méthode chères aux sinistres services spéciaux coloniaux (main rouge, bleuite…). Elle vient de dépasser l’intolérable par son indifférence devant l’agression d’un   membre  de la CNCD, Said Sadi, député et président d’un  parti politique d’opposition, par « un mercenaire » au pied de la fresque des 22 à El Madania. Une suprême atteints à ces Historiques qui ont mis fin à l’ère coloniale non seulement en Algérie mais de par le Monde.  

Les tenants du pouvoir ne reculent devant rien pour se maintenir à leurs postes, sauvegarder leurs butins. La décennie rouge n’a, en définitive, servi que le régime d’avant octobre 1988 à voir les caciques du parti unique reprendre du service quoique la rue les a vomi. Déjà, ils crient victoire en se projetant dans le futur. Ils s’empressent à déposséder l’opposition de ses revendications tout en combattant sa démarche: le changement de et du régime qui a privé les Algériens de leur liberté et de leur citoyenneté un certain été 1962. Le changement a commencé, il est inéluctable.  La majeure partie de la population est juvénile et vit à l’ère des TIC contrairement aux hommes du système, prisonniers de leur passé. L’Algérie et cette jeunesse sont au rendez-vous de l’Histoire, n’en déplaise aux imposteurs.

Salah Amer-yahia

Président-fondateur de l’Union des parents d’élèves de la wilaya d’Alger

Ingénieur d’Etat de la météorologie, retraité



17/03/2011
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