U P E W Alger

Le dernier safari d'un général des colonies

 

                                            Le dernier safari d’un général des colonies

 

Comme chaque fin d’année, l’Algérie commémore une des périodes les plus prestigieuses de sa résistance à l’occupation étrangère, celle des manifestations du 11 décembre 1960. Une date charnière dans la lutte des Peuples à disposer d’eux-mêmes. Les populations notamment celles des grandes villes sont sorties dans les rues contre la soldatesque coloniale, ses troupes spéciales et ses chars, mains nues, pour rappeler aux sorciers de l’époque que l’Algérie est une et indivisible. Le monde a vécu intensément ces manifestations qui ont vu les populations algériennes se dressaient comme un seul Homme contre une autre imposture, une tentative inavouée de détournement de l’Histoire.

 

 

 

 

Les tenants d’une Algérie  enchaînée au royaume des Francs ont cru effacer de la mémoire humaine un peuple,  une identité, une culture, une Histoire plurimillénaire qu’aucun envahisseur n’a pu réduire ou dissoudre. Ils furent pourtant nombreux ces envahisseurs à venir s’échouer sur ces rivages d’Afrique. De leurs passages, de leurs règnes subsistent encore des traces, des vestiges. L’Afrique de Massinissa restera africaine.

A contre-courant des nostalgiques coloniaux, la realpolitik de cette fin de millénaire imposait une de ses vérités, la fin du colonialisme.  

En effet, l’homme fort de l’Etat français venait d’accorder l’indépendance à toutes ses colonies. Pas moins de Treize territoires de son empire colonial ont bénéficié d’une indépendance sans heurts, sans que le sang coule. La Mauritanie fut le treizième et dernier pays à devenir indépendant le 29/11/1960. Le général De Gaulle accorda à pas moins de huit colonies, et à 48 heures d’intervalle durant son safari africain, les indépendances. Huit nouveaux Etats naîtront entre le 1er août, le Bénin, et le 17 août 1960, le Gabon !

Mais l’Homme du 18 juin, rappelé le 13 mai 1958 pour sauver son pays de l’éclatement engendré par la guerre d’Algérie, ses contraintes et ses conséquences, entretint les dilemmes du genre « je vous ai compris », « de Dunkerque à Tamanrasset », « la paix des braves »… tout en déployant des stratégies guerrières pour annihiler la Révolution algérienne ou lui imposer ses solutions à lui.

Il en fut ainsi de sa troisième voie. Entraîner  le Peuple algérien pour faire écran aux combattants de la liberté tout en s’opposant aux ultras de l’Algérie de Papa. D’une pierre, deux coups comme dit l’adage. Le recours à cette troisième voie pour résoudre le problème algérien devenait une obsession du sauveur de la France du déshonneur hitlérien dès sa venue au pouvoir encore plus en cette année 1960. Cette vision machiavélique pour contrer un processus, devenu irréversible, de décolonisation n’était pas nouvelle. Théoriquement, de vrais coups de béliers maturés dans les officines de nostalgiques de l’ère coloniale mais qui s’avéreront des coups d’épée dans l’eau. Ecraser la dissidence d’une armée alliée à l’OAS et à ses ultras pour asseoir son rôle d’arbitraire, de sauveur d’une Algérie de sa vision, de ses thèses.

Sa sortie à Ain Temouchent le 9 décembre 1960 fut le prélude de l’échec de sa troisième solution pour mettre fin aux évènements de l’Algérie de la France coloniale, reconnus cinquante ans après en tant que « la guerre d’Algérie ». Il joua avec le feu, il s’y brûla.

Les manifestations lancées par des cercles occultes prirent des tournures désastreuses pour le pouvoir colonial, heureuses pour l’Algérie combattante. Les populations algériennes exaspérées par plus d’un siècle de domination, de règne de l’indigénat avec leurs lots de crimes, de génocides, de dépossession mais aussi une guerre d’extermination qui venait de boucler sa sixième année rappelèrent à la France en prenant à témoin le monde qu’il ne peut y avoir que l’Algérie de la déclaration du 1er novembre 1954 et du Congres de la Soummam. L’Histoire a repris son cours. L’Algérie a réintégré sa place dans le concert des Nations après de laborieuses négociations avec le belligérant français et surtout une année et demi de guerre  totale livrée par cette quatrième puissance mondiale à un peuple désarmé et démuni.

La France qui a fait son mea culpa aux pays de ses anciennes colonies en leur octroyant l’Indépendance, doit demander pardon aux pays qui ont arraché leur indépendance par le sang, la mort et les souffrances comme ce fut le cas de l’Algérie.

La loi par laquelle la France des droits de l’Homme  fait l’apologie de son colonialisme pour l’assimiler à une civilisation fait partie de ce sang impur qui irrigue les sillons de France et de Navarre ! Après tout, c’est un problème franco-français.

 

Par Salah Amer-Yahia, Président de l’Union des parents d’élèves de la wilaya d’Alger

10/12/2010

 

 



12/12/2010
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