U P E W Alger

Dossier sur le poids du cartable par le quotidien INFOSOIR

Dossier du quotidien InfoSoir sur l'Education

Date 27/11/2010

 

Nos enfants courent un véritable danger / Poids du cartable
Un «scandale sanitaire» !



Maux divers, déformations à long terme de l’ossature de l’enfant en pleine croissance et parfois mal nourri, essoufflement, fatigue…, telles sont entre autres les conséquences contre lesquelles les médecins mettent en garde.
Il est urgent aujourd’hui que ce problème soit pris en charge.

Les cartables plombent de plus en plus le dos de nos enfants. Les études médicales sont sans équivoque, ce poids est préjudiciable pour leur ossature en pleine formation. La situation a été maintes fois dénoncée par les élèves et leurs parents. Ces derniers ne cessent de rappeler l’importance de l’installation de casiers dans nos écoles. Mais aussi d’alléger les programmes scolaires pour diminuer cette charge aux conséquences négatives sur la santé de toute une génération d’écoliers. Il s’agit d’un réel problème de santé publique qui ira en s’aggravant devant l’autisme des autorités concernées. Car, hormis la distribution de quelques armoires par le service des équipements à une poignée d’établissements scolaires, la question demeure posée trois mois après la rentrée des classes.

A. B.


Gros en quantité, maigre en qualité

Constat n Nos enfants souffrent. Ils ploient tels des roseaux sous le poids d’un cartable rarement désempli.

La réforme scolaire, engagée depuis quelques années, a traîné derrière elle tout un changement. Outre l’importance du volume horaire et l’unification de la couleur du tablier dans les trois paliers de l’enseignement, la charge des manuels et des cahiers a doublé. La question du poids du cartable qui revient à chaque rentrée a même fini par faire de l’ombre aux autres dysfonctionnements ayant suivi cette réforme. Parler de l’impact de cette charge sur le dos de nos enfants aujourd’hui revient à considérer que la question exige une prise en charge urgente. Le problème tient, selon les enseignants, à la surcharge des programmes éducatifs et à l’absence d’espaces individuels dans nos établissements scolaires pour le rangement des livres et autres. Ils préconisent outre la mise à la disposition de l’élève de casiers, la réduction du poids des manuels scolaires en les fractionnant en deux ou trois volumes. D’autres, plus naïfs, recommandent la distribution de manuels en double exemplaire comme cela se fait dans certains pays qui ont sérieusement investi dans la prévention en finançant l’achat de livres supplémentaires pour certaines classes. L'enfant n’est donc plus obligé d’emporter avec lui les livres scolaires puisque l’établissement en met d’autres à sa disposition en classe. Loin de cet idéal, nos écoliers aujourd’hui n’ont d’autre choix que de transporter quotidiennement un matériel scolaire dont le poids dépasse de loin le seuil toléré, soit 10% du poids de l’enfant. Les avis des médecins interrogés à ce sujet sont unanimes : «Les conséquences sur la charpente osseuse de l’enfant sont dramatiques.» Les études faites à ce sujet attestent que «le cartable parfait pour un enfant d’environ 20 kilos ne doit pas dépasser les 2,5 kilos, pour un enfant de 30 kilos les 3,5 kilos et pour un enfant de 50 kilos, les 6 kilos». Une réalité scientifique qui laisse de marbre les responsables du secteur qui pourtant ne lésinent pas sur les promesses. En 2008, le ministère de l’Education avait promis de pourvoir, d’ici à 2010, toutes les classes du cycle primaire de casiers. Une solution qui devait permettre aux élèves de n’emporter chez eux que ce dont ils ont besoin. Deux ans plus tard, les dos de nos écoliers continuent à supporter le poids d’un cartable lourd en quantité et maigre en qualité. Les enfants ne peuvent ainsi compter que sur la vigilance de leurs parents, à savoir se renseigner sur les emplois du temps de chaque matière pour alléger leur fameux sac à dos.

A.B


Cinq propositions pour l’alléger

Les décisions qui peuvent être prises et appliquées sur le terrain pour limiter le poids du cartable sont nombreuses. Pour Khaled Ahmed, président de l’Union nationale des associations des parents d’élèves, cette question concerne notamment les élèves du primaire. «Il s’agit d’enfant dont l’âge est compris entre 6 et 11 ans, sans redoublement, ou entre 5 et 10 ans pour ceux ayant bénéficié d’une dérogation d’âge». «A cet âge les os du squelette sont encore loin d’atteindre la taille et la solidité de l’âge adulte. Le port du cartable bourré de cahiers, de livres et d’autres fournitures scolaires constitue une souffrance quotidienne et exerce une action néfaste sur la colonne vertébrale qui, à la longue, subit une incurvation latérale anormale dite scoliose», a-t-il expliqué. Pour prévenir ce risque, Khaled Ahmed propose toute une palette de solutions. Tout en mettant l’accent sur les apprentissages fondamentaux, lire, écrire et compter, il dit qu’«on peut envisager d’éviter le morcellement de la connaissance en 8 à 12 matières distinctes en recourant à des regroupements par champs disciplinaires, voire par l’élagage de certaines autres, cela diminuera en conséquence le nombre de manuels et le nombre de cahiers et limitera le poids». Il préconise dans ce sillage de réaliser des livrets trimestriels, «ce qui divisera par trois le poids des livres dans les cartables», estime Khaled Ahmed. L’autre option, selon lui, est «de limiter les manuels à prendre à l’école à ceux de lecture arabe, de lecture française et aux cahiers d’exercices de calcul qui sont absolument indispensables. Les autres manuels resteront à la maison pour consultation, pour approfondissement (sous l’égide des parents) et pour révision». On peut également, dit-il, «réinstaurer le cahier de classe comme document unique dans lequel seront consignées toutes les activités écrites faites à l’école». Enfin, il recommande la réalisation d’espaces dans chaque école. Ces derniers seront réservés à l’installation de casiers individuels fermant à clef, dans lesquels les manuels seront rangés et d’où l’élève prendra uniquement ce qui est nécessaire pour la demi-journée. Une telle réalisation nécessite «un investissement qui doit faire l’objet d’une programmation soit à l’indicatif des collectivités locales ou du ministère de l’Education nationale», a-t-il indiqué.

A. B.

 

Maux, déformations et essoufflement

Les parents d’élèves ont fini par être excédés par la lourdeur des cartables que leurs enfants sont contraints de transporter, matin et soir. Avec leur corps chétif, en pleine croissance et parfois mal nourris. «Ces enfants font quatre fois par jour le trajet de la maison à l’école avec un cartable pesant plus de 10 kg. Et les écoles sont souvent éloignées des domiciles», témoigne un parent d’élève membre de l’association des parents d’élèves de la wilaya d’Alger. Cette contrainte imposée à l’enfant occasionne, à la longue, maux et déformations, le surmenage, la fatigue et l’épuisement par essoufflement dus au rétrécissement de la cage thoracique. Si le mal de dos fait partie de ces maux, certains parents associent l’apparition de la scoliose chez certains élèves à cette lourdeur excessive du cartable.
Une situation qui n’a pas laissé indifférentes les associations de parents d’élèves. La Fédération nationale des associations de parents d’élèves suggère que soit approuvé son projet «Pupitre» «pour permettre aux élèves de conserver leurs fournitures et de n’emporter chez eux que ce dont ils ont besoin». Même son de cloche chez l’Union des parents d’élèves de la wilaya d’Alger qui a interpellé, lors de la rentrée scolaire 2010, le premier responsable du secteur de l’Education sur entre autres problèmes, celui de la lourdeur du cartable. Le ministre de l’Education nationale a «réagi en réactivant la décision prise durant l’année scolaire 2008/2009 d’équiper les classes de casiers individuels pour alléger le poids du cartable», rappelle l’association. Elle déplore néanmoins que «le nombre de livres à transporter résulte de la mauvaise gestion de l’emploi du temps. De plus une telle solution ne peut être viable avec la surcharge de classes, voire les doubles vacations».

A. B.


Pas plus de 10% du poids de l’élève


«Durant cette phase, le squelette va subir d’importantes transformations, il va croître pour prendre sa forme définitive à l’âge adulte», explique le Dr Djamel Eddine Oulmane. Les enfants scolarisés sont donc les plus concernés par cette croissance. Ils représentent ces tranches d’âge que sont l’enfance et l’adolescence d’où l’importance d’éloigner tous les facteurs de risque qui entraveraient la bonne croissance de leur ossature. «La colonne vertébrale qui est l’axe centrale du squelette sur lequel plusieurs forces vont interagir durant toute la vie est le principal élément exposé à l’action néfaste des poids exagérés des cartables», souligne notre spécialiste en communication pour la santé. Ce problème qui ne manque pas de rebondir chaque année, a été à maintes reprises, soulevé par les médecins de santé scolaire, et ce, depuis une vingtaine d’années. Les scientifiques sont pourtant clairs à ce sujet : «Un enfant ne doit pas porter sur le dos une charge supérieure à 10% de son propre poids sur un temps assez long qui représente le trajet du foyer à l’école, soit 20 à 30 minutes en moyenne.» En somme, le cartable d’un enfant de 10 ans ne doit pas dépasser les 4 kilogrammes ! Or ce qui se déroule tous les jours sous nos yeux à travers ces millions d’élèves est «un véritable scandale sanitaire», déplore le Dr Oulmane. Ces enfants âgés entre 6 et 14 ans doivent supporter quotidiennement un cartable pesant en moyenne 10 à 12 kg, soit deux à trois fois plus lourd que ce qu’il devrait être. «Le fait de porter longtemps un poids lourd sur le dos va entraîner des microlésions des vertèbres qui ne sont pas encore ossifiées et l'écrasement du cartilage des disques intervertébraux», avertit notre médecin qui, pour mieux illustrer le drame que subissent nos enfants, s’est lancé dans une petite comparaison. «Si nous rapportons les chiffres cités ci-dessus au monde ‘’des grands’’ et en respectant les proportions, ce serait comme si nous imposions à chaque adulte d’aller et de revenir du travail tous les jours (et durant plusieurs années) avec un poids de 20 à 24 kg sur le dos, soit l’équivalent d’un demi-sac de ciment !». C’est ainsi que tout l’avenir anatomique de milliers d’enfants est pris en otage. Le Dr Oulmane reste persuadé que «dans quelques années, les chiffres des déformations et des pathologies du dos seront ingérables pour le secteur de la santé». Notre médecin est par ailleurs catégorique : «C’est un problème de santé publique que tous les secteurs de la société subiront car le mal de dos est quelque chose qu'on ne sait pas très bien guérir et qui ne se règle jamais définitivement.»

Conseils aux parents

L’achat du cartable doit répondre à un certain nombre de critères. Les médecins s’accordent à dire que celui-ci doit être léger et épouser parfaitement la morphologie et le dos du petit.
Ils conseillent de choisir pour les petites sections notamment les cartables à roulette qui peuvent atténuer la charge qu’on fait subir au dos.
Les parents doivent veiller également à ce que l’enfant n’emporte à l’école que le strict nécessaire. Il est à cet effet recommandé de se renseigner sur l’emploi du temps des matières enseignées pour chaque section.

A. B

Pour l'UPEWA, Salah Amer-yahia



28/11/2010
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